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Un hiver en avance...
18 juin 2007

[2] Du corps dans sa voix

Grosse fatigue. Insomnie, et pourtant, j'ai beaucoup d'heures de sommeil en retard.
La séparation avec Marie sur le quai de la gare fut terrible. Une déchirure si douloureuse qu'elle devrait en être interdite par la loi. Alors que mon train démarrait, je garde en mémoire ce reflet de Marie, sur les vitres du train d'en face, les mains plaquées sur son visage tremblant et humide... Je ne sais pas combien de temps je pars. Je pars juste "le temps qu'il faut".

Ensuite, huit heures d'attente à Roissy-CDG, sans réussir à dormir évidemment, enchainant clope sur clope.
Ma soeur et mes nièces m'ont rejoint vers 4 heures du matin.
Presque huit heures plus tard, nous nous posions à Tel-Aviv. Je ne sais même plus si j'ai réussi à vraiment dormir dans l'avion...

Je ne pensais pas que maman aurait eu la force de venir nous chercher avec mon père.
On l'a vu après lui, et malgré ma petit myopie, je l'ai tout de suite repérée dans la foule, se soutenant avec un charriot à bagages pour pouvoir rester debout, le pas très lent.
Là, j'ai pensé : "oui, on voit qu'elle est malade". Emaciée. Amaigrie. Muscles fondus aussi bien par son activité ralentie que par un manque d'alimentation. Je la vois pour la première fois, malade. Alors qu'avant, je me disais juste qu'elle n'avait pas l'air heureuse...
Maman, comme toute mère retrouvant ses enfants, a d'abord souri. Et puis soudain, des larmes - contagieuses - de bonheur, de peur, de désespoir peut-être aussi, tout ça mélangé...
J'ai eu du mal à ne pas la regarder quelques minutes, comme une femme en sursis. Comme si mes yeux cherchaient l'ennemi en elle, sur elle...
Pourtant, malgré son évidente faiblesse, dans la voiture qui nous ramènera dans leur maudit appartement, sa voix retrouvera de la couleur, de l'envie, de la curiosité, nous bombardant de questions ma soeur et moi. Profiter du moment présent. De sa descendance, comme un trésor trop rare. Sa voix, dans la voiture, était tout, sauf malade... ça faisait si longtemps, trop longtemps que je n'avais pas entendu ça, elle qui dépérissait à petits feux. Terminé, terminé cette période d'éclatement familial. Désormais, nous allons recréer du lien.

Et comme si le Ciel avait entendu ma résolution guerrière, ou qu'il récompensait aussitôt la réunion familiale , un autre petit miracle va se produire dans la même journée...

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