[10] Balagane gadol

Balagane gadol, en hébreu, ça veut dire un grand bordel.
Ici,  avec la chaleur de l'été, et une densité de population supérieure à 330 hab/km², tout devient plus tendu, plus fastidieux, plus nerveux. Il faut voir ça : dans les banques, les administrations, les établissements médicaux, la circulation automobile, on se marche littéralement dessus et pour moi, c'est proprement insupportable !

En fait, je suis à bout de nerfs. Ici, je me sens démuni, impuissant, complètement largué. Dès que je souhaite obtenir un renseignement pointu sur le suivi médical de maman, je ne parviens pas à dire la moitié de ce que je souhaite exprimer ni à comprendre la moitié de la réponse. Ceci après d'interminables attentes pour avoir le bon interlocuteur.

Je n'ai absolument plus confiance dans le système médical du pays. Tout le monde semble submergé. Au point que chaque cas paraît expédié à la va-vite.

Par exemple ce matin, comme l'insuffisance respiratoire de maman s'amplifie encore, une vieille bigote d'infirmière russe est venue livrer une bouteille d'oxygène à maman, un peu comme si elle lui jetait à la gueule, sans rien expliquer, sans aucune humanité. Elle voulait juste se casser au plus vite. Je lui posais 2-3 questions pendant qu'elle quittait la pièce ! Connasse ! Heureusement que ma petite expérience d'élève-infirmier m'a permis d'éclaircir 2-3 points importants concernant l'usage de ce médicament. Si j'avais pu parler français, je lui aurais pourri sa gueule à cette vieille pute. Et, cet après-midi, toujours impossible de savoir si le Tarceva est prescrit et remboursé pour les adénocarcinomes...

Autre exemple : Quand maman a fait sa fracture spontanée de la hanche l'hiver dernier, l'orthopédiste de mes parents ne s'est pas plus inquiété que ça, ne l'a pas interrogé sur son passé de fumeuse, ne s'est pas dit une seconde qu'une métastase aurait pu être à l'origine de tout ça... les examens et RDV ont traîné, et ce n'est qu'au bout dde 6 mois que le cancer a été diagnostiqué !

Ou encore, quand ma mère a été hospitalisé il y a quelques semaines de ça pour passer des examens, ceux-ci ont été sans cesse repoussés pour x ou y raisons... et le pneumologue sur place, qui a détecté la COPD (Chronic Obstructive Pulmonary Disease) ne lui a rien donné ou presque pour pallier un minimum son insuffisance respiratoire : ni corticoïdes, ni bronchodilatateurs, ni oxygénothérapie, ni kiné respiratoire, rien... pays de merde ! Je deviens fou ici ! On laisse les gens crever histoire de faire des économies à la Sécu ! De toute façon, on est tellement nombreux déjà... voilà pourquoi je dois vite ramener maman en France.

La pauvre est triste de mon départ demain. Elle a peur de ne jamais me revoir. Je lui dit que c'était hors de question. Qu'elle tiendrait le coup. Et que moi, je me bougerais le cul. En français, cette fois...